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Pierre Chardon, propriétaire forestier en Auvergne-Rhône-Alpes, a toujours connu la forêt, et a gardé un lien étroit avec cette dernière. Dans son entretien avec Reforest’Action, il insiste sur l’importance d’observer et d’accompagner les forêts face au changement climatique et de s’orienter vers des modes de gestion doux, comme les futaies irrégulières et le couvert continu.

05/12/2022 - Inès de Reforest'Action


Catégorie: 

France - Pierre Chardon - RNA - gestion forestière - une vision holistique de la forêt - témoignage

 

Pierre Chardon, propriétaire forestier

Quel est votre lien avec la forêt ?

Depuis l’enfance, j’ai toujours côtoyé la forêt.  En 2018, j’ai acheté ma première parcelle, afin de reboiser un sol de coupe rase et de contribuer à conserver des forêts en moyenne montagne.

 

Quelle est votre vision de la gestion forestière ?

Les caractéristiques pédoclimatiques de la station, c’est-à-dire la nature du sol et du climat local, doivent être prises en compte en premier lieu dans le cadre de la gestion d’une forêt. Certains sols sont plus ou moins propices au développement forestier. Par exemple, les stations forestières de la zone où se trouvent mes parcelles sont soumises à un climat de moyenne montagne et les sols granitiques, drainants, assez pauvres, sont bien adaptés aux essences résineuses mais pas seulement. Au-delà des caractéristiques des sols, qui nous donnent des indications sur les essences les mieux adaptées, il s’agit aussi de privilégier la diversité des essences, afin de développer la biodiversité et d’obtenir une haute valeur environnementale au sein du peuplement. C’est un point auquel je tiens beaucoup. J’espère ainsi qu’une gestion plus durable des forêts va se développer grâce à la gestion irrégulière à couvert continu. C’est d’autant plus important que le changement climatique n’est pas à venir, il est déjà là ! 

 

Voyez-vous une évolution dans le secteur forestier ?

Le secteur forestier en France renvoie une image vieillissante, parce que les forêts privées sont souvent des héritages légués à des personnes déjà relativement âgées. Malgré cela, je crois vraiment que la jeunesse s’y intéresse aujourd’hui. On observe aussi une plus grande volonté d'orienter la gestion vers des pratiques qui permettent d’obtenir des forêts diversifiées multi-étagées, composées d’arbres d’âge, d’essences et de tailles variés, respectant ainsi la multitude de services écosystémiques rendus. Mais malheureusement, en parallèle, les grands propriétaires s’approprient de plus en plus de parcelles dans une logique productiviste de sylviculture intensive. Ce mode de gestion forestière n’est ni viable ni durable. Il faut au contraire adopter une vision holistique de la forêt, l’envisager dans sa multifonctionnalité. Le secteur semble donc évoluer dans le bon sens, mais il reste une grande marge de manœuvre pour le rendre plus durable.

 

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