Reforest’Action / 5 livres qui vous feront aimer la forêt
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5 livres qui vous feront aimer la forêt

Forêts

Alors que la période des prix littéraires bat son plein, Reforest’Action vous emmène à la découverte de ces romans, classiques ou contemporains, qui font battre notre cœur au rythme de la sève des arbres.

« Dans la forêt », Jean Hegland

Chef d’œuvre d’anticipation, « Dans la forêt » de Jean Hegland dépeint l’effondrement de la civilisation humaine. Après la disparition de leurs parents, Nell et Eva demeurent seules dans leur maison familiale, au cœur de la forêt californienne. Que reste-t-il de la vie qu’elles ont toujours connue ? Rien, si ce n’est cette Nature sans concession qui les entoure. Car la forêt représente d’abord pour elles « la distance interminable qui sépare la maison de la ville », « un lieu dur, indifférent », avant de devenir, à mesure que la maison de leurs parents s’écroule tout autour d’elles, un nouveau foyer possible. Poignant de lumière et de courage, le roman nous donne à entendre le chant d’espoir de ces deux enfants perdues au milieu d’un monde qui s’écroule - le récit de leur renaissance à une vie sauvage qui a toujours été en elles. Plus d’un siècle après l’invention de l’électricité, elles sont les pionnières d’un retour à l’essentiel. « Nos vraies vies sont là-bas », dit Eva à Nell en désignant les bois qui les attirent. « Tout ce qu’on a c’est nous. Et la forêt. Et peut-être un peu de temps. »

« Forêt obscure », Nicole Krauss

« Forêt obscure » met en scène la fuite vers Israël de deux êtres qui ne supportent plus leurs vies américaines. Ils ne se connaissent pas : elle, écrivain en perte d’équilibre qui se débat avec son incapacité à écrire ; lui, puissant homme d’affaires qui liquide tout son patrimoine dans une frénésie de minimalisme. Ils sont liés pourtant par cette douce errance intérieure qui anime leur esprit, comme s’ils évoluaient effectivement dans les méandres d’une forêt obscure. Telle est la forêt aux yeux de l’écrivain : un lieu où l’on se rend pour se perdre, pour abandonner le droit chemin, pour se soumettre enfin à l’inconnu et à l’incertain, au renouvellement de soi. Et c’est bien ce que recherchent les deux personnages à travers leur quête éperdue. Jusqu’à trouver peut-être la paix intérieure au sortir de cette forêt, qui devient, sous la plume de Krauss, « for rest » : pour le repos.

« Un balcon en forêt », Julien Gracq

Au cœur de la Seconde Guerre Mondiale, une poignée de soldats français surveillent le front de la Meuse depuis la forêt des Ardennes. Leur mission : arrêter les blindés allemands si une attaque se produit. Mais rien ne se passe pendant des mois, et l’attente, hors du monde, s’éternise. Au fil de l’écriture poétique et ciselée de Julien Gracq, la forêt prend des allures d’île déserte. Elle est ce refuge protecteur dans lequel la guerre ne vient pas, dans lequel la guerre n’a pas lieu. Elle est vécue à travers toutes ses saisons, de l’hiver blanc et glacé à la chaleur de l’été que la nuit même n’abat pas. Elle est vécue à travers l’amour d’une femme qui semble née des bois et dont la respiration ressemble à celle « d’une plante sur laquelle finit de s’égoutter l’orage ». Mais le calme finit par devenir étouffant, vénéneux. Ecouter pousser la forêt ne suffit plus aux soldats assoupis. Et quand les bois s’ouvrent sur le monde, c’est la terre entière qui prend feu.

« La nuit juste avant les forêts », Bernard-Marie Koltès

Au coin d’une rue plongée dans la nuit, un homme tente de retenir un inconnu par tous les mots qu’il peut trouver. A travers un monologue fait d’une seule phrase et qui n’obtiendra pas de réponse, c’est bien sa solitude qu’il essaie désespérément de briser, et qui ne trouve pour écho que la littérature. « La nuit juste avant les forêts » interroge la fraternité dans un monde où l’individualisme prime, et se demande où se cache l’espoir. Est-il possible de venir à bout de la nuit, ou même d’y succomber ? Le locuteur semble saisi dans cet entre-deux, incapable de trouver sa place dans ce monde nocturne ni de rejoindre ces forêts qui l’appellent, et qui risquent pourtant d’être sa fin.

« Dans les forêts de Sibérie », Sylvain Tesson

Récit de l’ultime solitude, éloge du retrait et de l’immobilité, le carnet de bord de Sylvain Tesson nous fait rêver à ce que c’est que de vivre dans une cabane russe, au bord du lac Baïkal, à cinq jours de marche du premier village. Un ermitage choisi, que l’auteur décrit tour à tour avec émerveillement et désespoir. Comment vivre différemment quand le monde contemporain nous étouffe ? La liberté a-t-elle encore un sens ? Comment retrouver un peu d’espace et de silence ? Ce sont les forêts sibériennes qui apportent à l’écrivain une esquisse de réponse. Convaincu que « les villes sont des expériences provisoires que les forêts recouvriront un jour », il tente, pendant six mois, de vivre au rythme de la nature et de ses saisons. Il y découvre le secret d’une nouvelle présence au monde, d’une nouvelle existence dans le temps. Et nous invite à croire, avec lui, que « tant qu’il y aura des cabanes au fond des bois, rien ne sera tout à fait perdu. »