Reforest’Action / Au Sénégal, l’arbre ouvre de nouveaux débouchés économiques
Toute l'actualité

Au Sénégal, l’arbre ouvre de nouveaux débouchés économiques

Projets

Du 10 au 15 octobre, l’équipe de Reforest’Action était au Sénégal pour suivre le projet de reboisement mené dans la région de Sokone. Sur place, les agriculteurs font de l’arbre une solution de développement économique. Les produits issus des 130 000 végétaux plantés en agroforesterie depuis 2011 par Reforest’Action et la SOPREEF ouvrent désormais de nouveaux débouchés commerciaux : huiles, biocarburants, produits cosmétiques. Les filières se développent dans la région et à travers Sénégal entier. Assis en tailleur entouré d’enfants, Mamadou Marone décortique plusieurs kilos de graines de jatropha, arbre prisé au Sénégal pour ses bénéfices économiques et environnementaux. « Le jatropha crée des emplois » s’enthousiasme-t-il. « Cet arbre est venu pour enlever la pauvreté du monde rural ». 130 000 arbres plantés Comme lui, des centaines d’agriculteurs de la région ont fait le choix de la reforestation par l’agroforesterie. Réunis en 10 groupements autour de Sokone, commune à proximité de la frontière gambienne, ils font de l’arbre un outil de développement local. Et durable.

Sur place, plus de 130 000 arbres ont été plantés depuis 2011 à la faveur d’un partenariat entre Reforest’Action et la SOPREEF (Société pour la Promotion de l’accès à l’Energie et à l’Eau dans le département de Foundiougne). Sur le plan environnemental, les arbres jouent un rôle précieux. Le couvert végétal stocke du CO2 et protège la biodiversité. Plantés en haie vive autour des champs, les arbres maintiennent l’humidité des sols. Ils protègent également les cultures du soleil et de l’intrusion d’animaux. « C’est comme un gardien que tu ne paies pas » s’amuse Mamadou Marone. Des filières qui se développent A l’approche des périodes de plantation, les agriculteurs se prennent en nombre dans les pépinières. Signe que l’arbre est de plus en plus plébiscité comme outil d’essor économique. « L’an dernier, 2 millions de francs CFA (ndlr, 3.000 €) ont été distribués dans la zone par la SOPREEF dans le cadre d’achat de graines » commente Abdoulaye Diakhaté, gérant de l’entité. L’entreprise achète les graines de jatropha récoltées par les paysans pour ensuite les transformer en huile via une presse automatisée qui a vu le jour en 2012.

L’huile sera d’ici un an utilisée comme biocarburant pour des groupes électrogènes de zones environnantes dépourvues d’électricité. « Disposer d’électricité et donc d’énergie dans le village nous permettra de développer des activités génératrices de revenus et donc d’améliorer nos conditions de vie » souligne le chef de la localité de Médina Djikoy dont le générateur tournera à l’huile de jatropha en 2014. La presse avale également des graines d’autres essences d’arbres tels que le moringa, le neem. Les huiles qui en sortent sont elles aussi vendues et utilisées à des fins gastronomiques, médicinales et phytosanitaires. Et plus encore. Depuis un an, ces huiles sont utilisées par l’entreprise Chouette Mama implantée à Popenguine dans la fabrication de produits cosmétiques naturels. Autrement dit, les arbres des agriculteurs de Sokone participent désormais au développement de filières économiques dans leur région et au-delà, à travers le Sénégal entier. Diversification des produits issus de l’arbre Le savon est un autre débouché généré à partir de l’huile. Rassemblées en groupements d’intérêt économique, les femmes intègrent les huiles de jatropha, neem ou sésame dans la composition de savons. Vendus sur les marchés, ces produits leur assurent des revenus complémentaires. Un pécule qui s’ajoute aux gains émanant de la vente de citrons, mangues et autres bois de construction issus des arbres fruitiers et eucalyptus.

Rien ne se perd en Afrique. Ainsi, le reliquat de matière extrait de la presse sous forme de tourteaux, riches en protéines, est vendu comme aliment pour le bétail aux éleveurs. « Depuis que j’utilise le tourteau pour nourrir mes bœufs, j’ai constaté une réelle amélioration de leur forme physique » explique Erily, éleveur à Keur Seyni Guèye. « D’ailleurs les autres éleveurs du village s’y intéressent à présent et commencent à le tester ». Les dizaines de milliers arbres ayant pris racines pourront à l’avenir compter sur les enfants de la région. Chaque année 1500 écoliers sont sensibilisés au développement durable autour de l’arbre. Certaines de ces jeunes pousses en seront demain les premiers ambassadeurs et les principaux défenseurs. « L’arbre, c’est de l’engrais vert » rappelle Mamadou Marone. Retrouvez toutes les photos du Sénégal sur notre page Flickr