Reforest’Action / En Chine, le choix d’essences natives pour régénérer les forêts de Guizhou
Toute l'actualité

En Chine, le choix d’essences natives pour régénérer les forêts de Guizhou

Une région pauvre et enclavée en voie de développement

À l'ouest de la Chine, les terres arables de Guizhou, en chinois « Terre précieuse », représentent la principale source de revenu de la région. En 2015, le secteur de l’agriculture supportait 70% de la population, contre 38,1% au niveau national.

"Il est difficile de trouver ne serait-ce qu'un mètre de terrain régulier, et les gens sont si pauvres que personne n'a un centime en poche". Cette description historique d'un Guizhou est désormais une révolue. Aujourd'hui, Guiyang, la capitale du Guizhou, est une métropole moderne, dont les gratte-ciels bordent les rues commerçantes animées. Bien que la majeure partie de la région de Guizhou ait évolué depuis lors, environ la moitié des villages de la province restent sans électricité et ne sont pas reliés par la route.

Les montagnes ondulées et riches en ressources naturelles représentent 87% de la topographie de Guizhou. Ces hautes terres difficiles d’accès et peu desservies par le réseau de transport, freinent le développement économique de la région. En effet, si le maïs et les feuilles de tabac représentent la principale ressource économique, Guizhou se place parmi les régions les plus pauvres de Chine. Parmi les 40 millions d'habitants de la province, 11,5 millions vivent sous le seuil de pauvreté rurale de la Chine, fixé à 2 300 yuans par an (environ 375 dollars américains par an). Environ 40 % de la population de la province appartient à diverses minorités ethniques, qui sont sur-représentées parmi les plus démunis.

Entre démographie et agriculture intensive

Guizhou a également connu de graves sécheresses et famines au cours de son histoire. La plupart des terres de la province sont rocheuses et pauvres, ce qui entrave la production alimentaire. La dégradation de l’environnement est grave dans certains districts : en cause, la croissance démographique, mais aussi des politiques développées au cours de la seconde moitié du XXème siècle.

La phase maoïste du « Grand Bond en Avant » (1958-1960) caractérisée principalement par des objectifs élevés en matière de production industrielle et agricole, a provoqué des mouvements de masse : au cours de cette période, environ 87 000 personnes se sont déplacées vers Guizhou. La fabrication d'acier, l'exploitation minière et l'agriculture sont les principales activités du « Grand Bond en Avant » développées à Guizhou, et une grande partie de la forêt a été récoltée ou endommagée afin de développer l’industrie de l’agriculture.

S’ensuivit la réforme agraire de Deng Xiaoping (1978-1980), autorisant les paysans à défricher de nouvelles terres. La surpopulation de la région paysanne augmenta les besoins en terres cultivables, tandis que l’agriculture massive accéléra l’appauvrissement des sols et la déstabilisation de l’environnement.

Un nouveau jour pour Guizhou

Ces dernières années, la province rurale rencontre une forte croissance économique. La construction d’un réseau de transport désenclave la région, tandis que le développement d’infrastructures et le patrimoine ethno-karstique atypique de Guizhou suscitent l’essor du tourisme.

En parallèle, le gouvernement met en place une stratégie locale de protection écologique et de reboisement. Afin freiner l’exploitation des terres et de limiter la déforestation dans la province, la stratégie s’appuie sur 3 piliers :

  • Protéger les forêts existantes
  • Reconvertir progressivement les terres agricoles en espaces forestiers
  • Planter des arbres sur les terres nues : le sol étant appauvris, la régénération naturelle n’est pas suffisante. Les communautés locales et le gouvernement n’ayant pas le capital suffisant pour restaurer ces zones, 571 641 arbres ont été plantés grâce au projet financé par Reforest’Action et conduit sur le terrain par Linda Forestry.

De nouvelles activités génératrices de revenus

Dans ce contexte, le projet de restauration des écosystèmes mené sur le terrain par notre partenaire Guangxi Chongzuo Linda Forestry Company, vient de franchir sa première étape. Au printemps 2021, les villageois ont exhumé les pentes de Guizhou pour y introduire 571 641 plants. Au sein des communautés locales, on décompte 324 bénéficiaires directs et 7696 bénéficiaires indirects dans les villages de Zhebuy et Xinyi.

Les essences introduites permettront, à terme, le développement d’une économie fondée sur le commerce de ressources inhérentes à la croissance des arbres. Par exemple, le robinier de Chine, matière première utile à la fabrication de produits cosmétiques, pourra être vendu aux entreprises productrices. Des revenus pourront également être générés, pour les communautés locales, de la vente des pousses de toona sinensis, une essence consommée comme légume.

L’objectif final du projet à l’horizon 2024 : planter 1,62 million d’arbres afin de restaurer l’écosystème forestier, de développer la biodiversité, de générer des revenus complémentaires pour les communautés locales et de stocker près de 100 000 tonnes de carbone sur le long terme.