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Tour des projets soutenus par Reforest’Action au Pérou

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Au Pérou, plus d’un million d’hectares de forêts a été abattu en seulement 15 ans. Dans ce pays où se déploie 13 % de la forêt amazonienne, les arbres sont nécessaires au fonctionnement d’écosystèmes tropicaux uniques, à la survie d’une biodiversité rare, souvent menacée, mais également à la subsistance de millions de péruviens, agriculteurs et habitants de zones rurales. Pour réduire l’impact de la déforestation sur place, Reforest’Action accompagne trois projets de restauration et de protection d’écosystèmes forestiers.

Tarapoto : retour sur le premier projet tropical accompagné par Reforest’Action

Première étape : Tarapoto. Pour Reforest’Action, ce projet d’agroforesterie situé au cœur de la forêt amazonienne péruvienne tient une place toute particulière. Pour cause, il a été notre premier projet en zone tropicale. Démarré en 2015, il est accompagné sur place par le Centre Urku.

Tarapoto est zone urbaine de 320 000 habitants de la région de San Martín. Située à une altitude de 356 mètres, elle est entourée de forêts basses et hautes.

Depuis les premiers travaux de plantation, le temps a passé et les parcelles reforestées ressemblent désormais plus à des forêts qu’à des plantations. « Des essences fruitières, à croissance rapide et de haut-jet ont été plantées au fil des années, explique Annette Butty, chargée de projets forestiers en Amérique du Sud. Aujourd’hui, ces forêts sont extrêmement mélangées, il y pousse même des plantes médicinales aux multiples vertus, qui permettent aux propriétaires des parcelles de générer des revenus supplémentaires ».

Parmi les bénéficiaires, deux ont décidé d’aller un cran plus loin en créant des fermes d’agro-écotourisme autour du projet. « Il s’agit de centres de tourisme vert qui invitent les visiteurs à déambuler au sein des parcelles pour découvrir la variété d’essences qui y cohabitent, les ruches, la variété de produits issus de la forêt, leurs processus de transformation et de commercialisation », détaille Annette.

L'un d'eux, Heriberto, revient sur les bénéfices générés par le projet : « Sur ces plantations, tout est produit de manière entièrement naturelle et biologique. La plupart des essences que nous faisons pousser ici sont ancestrales et endémiques de la région. Malheureusement, beaucoup d’entre elles sont menacées d’extinction. À travers le projet, nous souhaitons faire connaître leur existence au plus grand nombre grâce aux activités pédagogiques organisées et à la commercialisation des produits qui en sont issus ».

Nous quittons Tarapoto, heureux d’avoir eu sous les yeux un exemple concret de modèle socio-économique qui fonctionne grâce à des produits issus de la nature… Un modèle qui permet ainsi à ses bénéficiaires de vivre de manière autosuffisante, sans dépendre des cours, variables et souvent bas, du café et du cacao, majoritairement produits au Pérou.

Lamas : des premiers pas concluants pour un projet encore récent

Notre deuxième arrêt s’effectue à Lamas, province de plus de 80 000 habitants, située à 23 kilomètres au Nord de Tarapoto.

C’est en périphérie de cette municipalité, en pleine forêt amazonienne, que se déroule depuis 2021 un vaste projet de reboisement d’écosystèmes dégradés et d’agroforesterie, en partenariat avec le Centre d’Innovation et de Gestion pour le Développement Durable (CIGDES).

Sur les parcelles concernées, des essences productives et légumineuses arborées sont introduites pour favoriser la mise en place d’agroécosystèmes, restaurer les parcelles agricoles ou pâturages dégradés mais aussi permettre à 240 bénéficiaires d’adopter des pratiques sylvicoles durables, en phase avec les défis environnementaux actuels. Sur le terrain, la pépinière principale a été mise en place dès le mois de septembre 2021.

Lors de notre venue, nous assistons à la restauration de la parcelle démonstrative du projet par les membres des communautés locales . « Nous n’en sommes qu’au tout début du projet mais déjà, cette démarche a des effets positifs sur la population, observe Annette. En effet, les travaux de mise en place des pépinières, de suivi et de plantation sont sources de revenus pour les membres de l’équipe technique qui les réalisent ».

Quant aux bénéficiaires, le projet semble nourrir leur espoir de voir leurs conditions de vie s’améliorer dans un futur proche : bientôt, le latex produit par l’hévéa, le cacao blanc produit par le majambo et les fruits issus du noyer maya pourront être récoltés et commercialisés, une manière d’augmenter leurs revenus de manière régulière.

Piura : un projet mû par le collectif

Le tour d’horizon des projets péruviens s’achève par temps froid et brumeux, à 2500 mètres d’altitude. Nous rejoignons les zones du projet, situées autour de la ville de Piura, capitale de la région éponyme située au nord du pays.

Démarré en 2019 en partenariat avec l’ONG péruvienne Progreso, le projet vise à restaurer des sols dégradés, à introduire des agroécosystèmes et à lutter contre la désertification des massifs montagneux afin de favoriser la présence de la biodiversité.

En plus des parcelles appartenant à des bénéficiaires privés, le projet comprend des parcelles communautaires, où les membres des communautés locales viennent joindre leurs forces pour mener des actions de plantation. Un mouvement collectif, qui rappelle la prépondérance de l’aspect social au sein des projets de reforestation.

« Cette démarche ne pourrait être mise en place si on ne s’intéressait pas à la communauté dans son ensemble, observe Annette. Ici, en 2 ans, on a déjà planté 1 million d’arbres grâce au travail de mutualisation et aux efforts collectifs des populations. C’est parce les projets permettent de créer des liens entre des individus de tous âges, pour le bénéfice à long terme du plus grand nombre, que tout cela fonctionne ». Des résultats prometteurs qui nous laissent espérer de belles années à venir sur ce projet.

Une rencontre entre bénéficiaires des 3 projets en guise de point final

À l’issue des visites terrain, nous participons à une journée d’échanges et de partage d’expérience autour de ces 3 projets, organisée par Reforest’Action pour les partenaires et bénéficiaires des projets.

Un tremblement de terre ayant endommagé le réseau routier au nord du pays, quelques-uns des participants ne parviennent malheureusement pas à se rendre sur place.

Malgré tout**, les échanges vont bon train**, soulevant l’importance de la continuité et du suivi de chacun des projets initiés au Pérou, comme l’explique Annette : « Ce type de journée donne la parole aux bénéficiaires et nous permet de nous enrichir de leur savoir-faire ainsi que de leur expérience. Cela nous rappelle l’importance de favoriser les rencontres interprojets et de faire dialoguer les différentes parties prenantes. Ça nous permet de voir sur le long terme, bien au-delà des phases de plantation. Aujourd’hui, l’heure est à la mutualisation des savoirs et à la formation inter-communautés. Nous devons continuer à mettre toute notre énergie pour faire croître les connaissances des populations sur la forêt, pour ainsi leur permettre de tirer le maximum des projets ».

Une conclusion qui n’est pas sans rappeler la force du collectif et la nécessité de rendre les communautés locales actrices des projets de restaurations d’écosystèmes forestiers.