Reforest’Action / Le performance benchmark dans la méthodologie Verra VM0047 : un levier d’intégrité pour les projets d’ARR
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Le performance benchmark dans la méthodologie Verra VM0047 : un levier d’intégrité pour les projets d’ARR

Décryptages

À mesure que le marché volontaire du carbone se structure et que les exigences de transparence se renforcent, la démonstration de l’additionnalité devient un critère déterminant pour garantir l’intégrité des projets de séquestration. Dans le domaine des Solutions fondées sur la Nature, où les dynamiques biophysiques et socio-économiques varient fortement d’un territoire à l’autre, cette exigence se traduit par la nécessité d’outils méthodologiques robustes, capables de distinguer l’effet propre d’un projet de l’évolution naturelle des écosystèmes. La méthodologie VM0047 du standard Verra répond à cette attente en introduisant le performance benchmark, un mécanisme conçu pour évaluer la contribution réelle d’un projet de reforestation à la séquestration du carbone.

Reforest’Action a développé une application opérationnelle ambitieuse de ce benchmark, s’appuyant sur des données de télédétection pour renforcer la rigueur de l’évaluation. En ancrant l’analyse dans la dynamique réelle de la végétation, cette approche permet d’établir l’additionnalité de la séquestration carbone des projets et ainsi d’offrir aux entreprises et investisseurs un niveau d’assurance élevé quant à leur impact climatique.

Un mécanisme central pour l’intégrité des projets ARR

L’exigence d’une additionnalité démontrable

L’additionnalité est un facteur essentiel de l’intégrité d’un projet carbone. Un crédit carbone ne peut avoir de valeur environnementale que s’il correspond à une séquestration de CO2 qui n’aurait pas eu lieu en l’absence de financement carbone.

Pour les projets forestiers, qui peuvent s’étendre sur plusieurs dizaines de milliers d’hectares et inclure différentes typologies de terres, tout en étant influencés par de multiples facteurs socio-économiques, politiques ou réglementaires locaux (rentabilité agricole des terres, politiques publiques de soutien à la reforestation, dynamiques foncières locales…), établir l’additionnalité pose un défi particulier.

Analyser chaque situation individuellement peut conduire à des évaluations hétérogènes et à des arbitrages difficiles à comparer d’un projet à l’autre. Afin de répondre à cette complexité tout en assurant une évaluation cohérente, la méthodologie VM0047 du standard Verra, qui s’applique aux projets d’afforestation, reforestation et revégétalisation, recourt à un mécanisme de référence standardisé : le performance benchmark.

Définir la contribution réelle du projet à la séquestration carbone

Dans la VM0047, le performance benchmark sert de seuil de référence pour déterminer si un projet est bel et bien additionnel. En d’autres termes, il vise à quantifier la contribution réelle d’un projet au stockage du carbone au sein d’une parcelle au fil du temps, en fonction de l’évolution de l’usage des terres au sein de la zone du projet. La contribution d’un projet forestier à l’augmentation de la séquestration carbone n’est en effet pas la même, selon si la région connaît une déprise agricole et le développement de friches, ou si au contraire celle-ci est sujette à l’intensification de l’agriculture.

« Le performance benchmark permet de comparer la tendance globale de séquestration carbone à l'échelle régionale avec celle du projet mis en œuvre », précise Hugo Treuil-Dussouet, analyste en géomatique et télédétection chez Reforest’Action. « Cette méthode permet de définir le niveau de contribution d’un projet à la séquestration carbone des parcelles concernées. À titre d'exemple, dans une parcelle reboisée à 100% dans le cadre d'un projet carbone, il est possible que celui-ci ne contribue réellement qu’à 70% de la séquestration carbone, étant donné que les 30% restants auraient été séquestrés par le développement de la végétation, même en absence de projet. »

L’application du performance benchmark par Reforest’Action

Conformément à la méthodologie de Verra, Reforest’Action s’appuie sur l’observation par télédétection de la dynamique végétale. Une donor area est d’abord définie afin de délimiter une zone suffisamment large, caractérisée par des conditions juridiques, écologiques et de gestion similaire à celles du projet. C’est au sein de cette aire que sont identifiées des parcelles de contrôle, qui constituent une baseline dynamique, de l’évolution naturelle du couvert végétal en l’absence de mise en place d’un projet de reboisement.

La comparaison entre les courbes de séquestration des parcelles du projet et celles des parcelles de contrôle repose sur un Stocking Index, ici le Normalized Difference Fraction Index (NDFI). Cet indicateur, obtenu par fractionnement spectral, permet d’apprécier le niveau de biomasse, de couverture forestière ou de densité végétale. Observé à plusieurs dates, il sert à établir une trajectoire moyenne reflétant l’évolution de la végétation. Lorsque la courbe de séquestration des parcelles du projet excède celle des parcelles témoins, la séquestration additionnelle peut être attribuée au financement carbone.

Cette analyse est actualisée tous les cinq ans, en cohérence avec les cycles de vérification prévus par VM0047, afin de garantir que le benchmark reste aligné sur les conditions réelles du terrain et reflète fidèlement la performance du projet dans le temps.

Une réponse aux attentes du marché

L’approche développée par Reforest’Action pour appliquer le performance benchmark prévu par la VM0047 contribue directement à renforcer l’intégrité environnementale et méthodologique des projets certifiés. En s’appuyant sur un proxy biophysique robuste et des mises à jour régulières, cette méthode apporte des garanties essentielles à la haute intégrité des crédits carbone émis grâce à nos projets.

Réduire l’incertitude et garantir la transparence

La définition d’une donor area et de parcelles de contrôle permet d’ancrer le benchmark dans une représentation réelle, et non théorique, de l’évolution de la végétation en l’absence de projet. Cette démarche offre deux avantages majeurs : elle évite les biais liés aux modèles ou aux hypothèses économiques qui conditionnent souvent les analyses d’additionnalité ex ante, et fournit une baseline dynamique fondée sur des trajectoires végétales observées par télédétection, réduisant l’incertitude scientifique et méthodologique. Reforest’Action renforce ainsi la crédibilité de la séquestration annoncée et limite les risques de surévaluation.

Le recours au NDFI, indicateur dérivé du fractionnement spectral, garantit une mesure standardisée de la biomasse et de la densité végétale. Cet outil présente plusieurs atouts clés pour l’intégrité carbone :

  • il repose sur des données satellitaires accessibles, traçables et vérifiables ;
  • il permet une mesure continue et homogène de la performance du projet ;
  • il renforce l’objectivité du suivi, en s’affranchissant des déclarations ou interprétations subjectives.

L'utilisation d’un proxy spectral stable et reconnu augmente la transparence du processus MRV (Monitoring, Reporting & Verification) et facilite la reproductibilité des résultats par un auditeur tiers.

Prouver l’impact du financement carbone

En comparant les courbes de séquestration des parcelles du projet à celles des parcelles témoins, il devient possible de démontrer de manière tangible que la courbe de séquestration du projet dépasse la dynamique naturelle de la végétation locale, et que cette performance supplémentaire est directement attribuable au financement carbone. Cela permet de passer d’une additionnalité présumée (comme dans les approches de projection ex ante) à une additionnalité démontrée par les données. Cette distinction est déterminante pour renforcer la crédibilité des crédits carbone auprès des entreprises et des investisseurs.

Intégrer les évolutions environnementales et socio-économiques

Le fait d’actualiser le benchmark tous les cinq ans, en cohérence avec les cycles de vérification du standard Verra, garantit que l’évaluation reste alignée sur les conditions réelles du terrain. Cette mise à jour périodique évite que des trajectoires obsolètes ou non représentatives continuent à servir de référence, permet de prendre en compte les évolutions du climat, de l’usage des terres et des pratiques de gestion, et renforce la précision des estimations de séquestration sur toute la durée de vie du projet. Ainsi, le benchmark n’est pas figé : il est adaptatif, ce qui augmente la robustesse du MRV et limite les risques de surestimation accumulée.

Fournir un cadre cohérent avec les attentes actuelles du marché

L’approche de Reforest’Action répond pleinement aux attentes croissantes du marché carbone :

  • intégrité environnementale, grâce à des mesures réelles et vérifiables ;
  • comparabilité entre projets, grâce à une méthodologie reproductible et standardisée ;
  • robustesse de la gouvernance, grâce à l’audit du processus et à la transparence des données utilisées.

Dans un contexte où les acteurs financiers et les entreprises exigent des garanties élevées pour s’engager dans les projets de séquestration, cette approche constitue un avantage stratégique majeur.

L’intégration du performance benchmark au sein des projets certifiés VM0047 constitue un levier essentiel pour garantir leur intégrité et leur crédibilité. En mobilisant une approche fondée sur l’observation des trajectoires végétales et une actualisation régulière des données, Reforest’Action renforce la précision du suivi de la séquestration et démontre de manière tangible l’impact additionnel du financement carbone. Cette rigueur méthodologique, soutenue par l’utilisation d’un proxy spectral et de parcelles témoins dynamiques, s’inscrit pleinement dans l’évolution des standards internationaux et répond aux attentes croissantes des acteurs économiques engagés dans la transition climatique.

Dans un marché où la confiance repose sur la capacité à mesurer, vérifier et comparer les bénéfices climatiques, l’approche développée par Reforest’Action apporte un cadre structurant, transparent et scientifiquement fondé. Elle confirme également le rôle central que peuvent jouer les technologies de télédétection dans la montée en qualité des Solutions fondées sur la Nature, ouvrant la voie à des investissements plus sûrs, plus ambitieux et véritablement transformateurs pour les écosystèmes comme pour le climat.