Sur l’île de Sumba, en Indonésie, les paysages portent la trace d’une déforestation ancienne. A partir de la fin du XIXᵉ siècle, sous l’égide de la colonisation néerlandaise, les forêts locales, riches en bois de santal, ont été massivement exploitées et converties en terres agricoles. La déforestation, intervenant au sein d’un paysage vallonné soumis à un climat propice à des sécheresses ou des pluies extrêmes, a alors favorisé l’érosion et la dégradation des sols. Aujourd’hui, l’île se compose de vastes étendues de savanes calcaires traversées par de profonds ravins, où la végétation pauvre, principalement constituée d’herbes, sert de pâturage aux élevages bovins et équins. Le projet porté par Reforest’Action à Sumba a pour objectif d’inverser ce processus de dégradation des écosystèmes. En cours de certification par le standard international Verra (VCS) via la méthodologie VM0047, ce projet vise à combiner séquestration carbone, sécurité alimentaire et création de chaînes de valeur durables.

Un design de projet adapté au contexte environnemental et social
Restaurer les terres dégradées et la productivité agricole
Développé par Reforest’Action en partenariat avec le CIFOR-ICRAF (Center for International Forestry Research and World Agroforestry) et deux ONG indonésiennes, le projet répond à deux enjeux principaux : d’une part, restaurer la fertilité des sols de l’île de Sumba par la recréation de forêts sur des terres anciennement déforestées et le développement de systèmes agroforestiers diversifiés ; d’autre part, renforcer la sécurité alimentaire et économique des communautés locales, aujourd’hui fragilisées par la baisse de productivité agricole.
A ce titre, un modèle de gestion intégrée des paysages sera déployé, pour favoriser la durabilité et la résilience des écosystèmes grâce à des stratégies adaptatives, inclusives et intégratrices. En combinant 37 espèces d’arbres, dont 20 espèces natives, et cinq modèles de plantation adaptés au contexte environnemental et social des villages concernés, le projet associe ainsi la séquestration de 6,4 millions de tonnes équivalent CO₂ sur 40 ans à la restauration de fonctions écosystémiques clés telles que la rétention d’eau, la lutte contre l’érosion, l’enrichissement des sols et la préservation de la biodiversité.
La conception du projet, au service de la résilience écologique et économique
Au sein du design du projet, chaque modèle contribue à un équilibre entre restauration environnementale et création de valeur économique.
A ce titre, le projet vise à :
- recréer des forêts productives, notamment composées de bois d’œuvre et de bois de santal, sur des terres dégradées éloignées des zones habitées, à des fins de production durable de bois à long terme ;
- restaurer des forêts secondaires naturelles au sein de terres communautaires destinées à renforcer les services écosystémiques, sans exploitation ligneuse.
Le design inclut également le développement de trois modèles de systèmes agroforestiers :
- par l’intégration d’arbres fruitiers et forestiers en multi-strates sur des terres proches des villages, favorisant la production alimentaire et la résilience économique à court terme ;
- par la plantation de champs de café sous l’ombrage d’arbres diversifiés dans l’objectif d’améliorer les rendements et la qualité de la production grâce à un couvert végétal apte à réguler la température et l’humidité ;
- par le développement d’un modèle d’agroforesterie en allées permettant d’enrichir les champs actuellement cultivés de façon conventionnelle en combinant des arbres fruitiers et forestiers aux cultures annuelles.
Tout en générant des crédits carbone certifiés, le projet favorise ainsi la stabilité économique locale ainsi que des impacts écosystémiques et sociaux vérifiables.

Une stratégie holistique au service de la résilience écologique et économique
Inscrire le bois de santal au sein d’une filière durable
Le bois de santal (Santalum album) est une espèce emblématique d’Indonésie, ancrée historiquement au cœur de l’économie de Sumba. La surexploitation de ce bois précieux, lors de la période coloniale (de la fin du XIXᵉ siècle à l’indépendance indonésienne en 1945), a considérablement réduit les populations naturelles, faisant aujourd’hui du santal une essence classée comme vulnérable par l’UICN.
Le projet vise à réintroduire durablement le bois de santal au sein des systèmes agricoles et forestiers locaux. Cette essence est hémiparasite, c’est-à-dire qu’elle est incapable d'absorber par elle-même les nutriments du sol, et nécessite d’une plante hôte pour se développer, ce qui justifie son intégration au sein de systèmes agroforestiers mixtes.
Sa réintroduction dans le cadre du projet contribuera à reconstituer une ressource économique exportable, tout en garantissant sa gestion durable via un plan qui encadrera les pratiques de récolte. Parce que le bois de cœur, porteur de l’huile essentielle, ne se forme qu’après 10 à 15 ans de croissance, la récolte optimale intervient à partir de la 20ᵉ année. Une gouvernance locale sera ainsi mise en place pour planifier ces cycles de manière équitable, garantissant la pérennité écologique de la ressource et la stabilité économique des communautés bénéficiaires. Par ailleurs, cet arbre natif favorisera l’établissement d’une biodiversité locale.
Favoriser l’autonomisation et la gouvernance communautaire
Le succès du projet repose sur l’implication directe des communautés locales à chaque étape du projet, de la phase de préparation à l’entretien et à la gestion des parcelles, en passant par les activités de plantation.
L’équipe locale, déjà active auprès de 25 villages partenaires, accompagne les groupements d’agriculteurs dans une mise en œuvre collective : chaque groupe, constitué d’environ 30 ménages, travaille de façon coordonnée sur les parcelles, avec le soutien de relais villageois qui garantissent le respect de l’itinéraire technique.
Des pépinières communautaires alimentent le projet en plants, tandis qu’un programme de formation vise à renforcer les capacités techniques et organisationnelles des agriculteurs associés au projet (production en pépinières, techniques de fertilisation des sols, lutte contre les parasites, gestion de l’eau, taille des arbres, gestion financière, gouvernance participative…)
Un plan de gestion des forêts communautaires est élaboré conjointement avec les autorités locales, assurant une appropriation du projet à long terme.
Les bénéfices issus de la vente de crédits carbone seront par ailleurs en partie redistribués aux coopératives, aux groupes d’agriculteurs et aux associations de femmes, selon un modèle de gouvernance équitable et transparent.
Développer des chaînes de valeur locales et durables
Le projet intègre une stratégie économique visant à structurer des chaînes de valeur locales autour de produits à fort potentiel : bois de santal, noix de cajou, café, noix de bancoul, teck ou encore acajou. Conçues selon les principes de la bioéconomie circulaire, ces filières visent à créer des débouchés stables et des revenus complémentaires pour les producteurs, tout en favorisant la transformation et la commercialisation locales des commodités et la montée en compétence des communautés.
Ce modèle soutient ainsi une croissance inclusive et ouvre la voie à une indépendance économique progressive des communautés. La diversification des revenus contribuera en effet à renforcer la résilience économique des foyers et à réduire la dépendance aux cultures de subsistance. Les femmes, en particulier, bénéficieront d’un meilleur accès à ces opportunités, notamment via le développement de petites entreprises locales et de coopératives féminines.
Ancrer l’égalité des genres dans la gouvernance du projet
L’égalité des genres constitue un levier central du projet Sumba. Le projet est pensé pour les femmes, tant dans son design – en les intégrant de façon ciblée aux consultations et aux contrats – que dans sa mise en œuvre, en prenant en compte les contraintes spécifiques aux femmes bénéficiaires. Des programmes ciblés de formation visent à renforcer les compétences entrepreneuriales, financières et organisationnelles des femmes. Ces programmes mettront également l’accent sur le leadership et la prise de parole publique, pour s’assurer qu’en retour, les contributions féminines soient pleinement reconnues par la communauté. Le projet s’appuiera sur la sensibilisation des leaders masculins afin d’embarquer l’ensemble des communautés tout en respectant leur structure traditionnelle.
Une politique de recrutement inclusive garantit par ailleurs la participation des femmes aux fonctions décisionnelles, notamment au sein des comités villageois et des structures de gouvernance du projet. En favorisant le leadership féminin, le projet contribue à ancrer la durabilité sociale dans la gouvernance locale, tout en améliorant la performance économique des exploitations agricoles.

Conçu pour répondre aux critères de haute intégrité des standards internationaux de certification carbone, en particulier Verra (VCS), le projet Sumba est ainsi une opportunité d’investissement à impact pour les financeurs, en garantissant la traçabilité et la vérification indépendante des réductions d’émissions, l’additionnalité et la pérennité des actions de séquestration, et la conformité aux principes ESG et aux Objectifs de Développement Durable (ODD 1, 4, 5, 8, 12, 13 et 15).
Sur une période de 40 ans, il permettra la séquestration de 321 tonnes de tonnes équivalent CO₂ par hectare, soit un total de 6,4 millions de tonnes équivalent CO₂. Au-delà de l’impact climatique, il contribuera à restaurer les écosystèmes naturels et la biodiversité insulaire, à améliorer la sécurité alimentaire et les revenus ruraux, et à renforcer les capacités locales en matière de gestion durable des ressources naturelles.
Le projet Sumba illustre ainsi la capacité des projets carbone de haute intégrité à générer des co-bénéfices multiples, au-delà de la séquestration du carbone. Pour les investisseurs, il représente une opportunité d’engagement dans une démarche mesurable, vérifiable et alignée avec les standards ESG internationaux. En soutenant le projet, les partenaires financiers participent à la restauration des écosystèmes, à la préservation d’une essence d’arbre emblématique et à la construction d’une économie rurale résiliente et inclusive. Vous souhaitez saisir cette opportunité d’investissement à impact ? Contactez-nous pour discuter de vos besoins !