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Micro-forêt urbaine : de quoi parle-t-on ?

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Qu’est-ce qu’une micro-forêt urbaine ? Comment planter des arbres en ville ? Le concept de forêt en ville se définit par son caractère global, regroupant l’ensemble des espaces boisés urbains. Enrichir l’écosystème vert des métropoles est une étape fondamentale de la transition socio-environnementale des villes, mais certains critères essentiels doivent être respectés afin d’assurer la durabilité des services écosystémiques rendus par la micro-forêt urbaine.

En réponse aux enjeux qui menacent les villes modernes, la micro-forêt urbaine apparaît comme une véritable issue. Rafraîchissement urbain, dépollution de l’air, gestion durable de l’eau, bienfaits physiques et psychologiques et avantages économiques : les arbres en ville ont un véritable potentiel d’action dans la lutte contre les effets néfastes de l’urbanisation, moteur du changement climatique. Néanmoins, la création de forêts en ville se distingue de la plantation de forêts en milieu rural. La végétalisation des villes doit être entreprise de manière à maximiser la résilience et la cohabitation du minéral et du végétal. Vers la naissance d’un nouvel écosystème : la ville-forêt.

Concrètement, une micro-forêt urbaine, c’est quoi ?

Selon la définition officielle de la FAO de 2017, la forêt urbaine est : « un réseau ou un système incluant toutes les surfaces boisées, les groupes d’arbres et les arbres individuels se trouvant en zone urbaine et périurbaine. » Cette définition est à l’origine du concept « d’écosystème vert » à l’échelle urbaine, regroupant l’ensemble des zones boisées d’une agglomération. La notion de trame verte, qui vise à reconstituer une voie continue de circulation pour la biodiversité, découle également de cette vision globale.

L’aspect morcelé de la forêt urbaine est donc bien différent de celui des forêts que l’on peut traverser en zones rurales. Mais alors, de quoi se compose exactement la forêt en ville ?

Illustration de foret urbaine

La forêt urbaine au sens large comprend différentes catégories de boisements que l’on distingue par leur âge, leur étendue et leur structure.

Parmi elles, on compte :

- Les forêts relictuelles, qui sont des restes de forêts anciennes conservées lors de la construction de la ville, bien que souvent modifiées ;

- Les arbres isolés et d’alignement, qui correspondent aux arbres que l’on peut apercevoir aux bords des rues, des places, des bâtiments, des allées des jardins, des résidences ;

- Les surfaces plantées, qui désignent des surfaces intégralement couvertes d’arbres, comme certaines zones des parcs ou des réserves en périphérie urbaine, ou qui prennent la forme d’ilots dans le cas des micro-forêts denses réalisées avec la méthode inspirée de Miyawaki.

- Les friches urbaines, lorsque les arbres recolonisent des terrains laissés à l’abandon.

Ces différents types de peuplements complémentaires fournissent chacun un panel de services écosystémiques qui font la richesse de la forêt en ville. Leur présence, même éparpillée, participe à la continuité écologique des territoires en reliant la ville aux forêts périphériques.

Enrichir la forêt urbaine : en quoi cela consiste ?

Planter des arbres pour développer la forêt urbaine représente donc une réponse concrète aux enjeux auxquels sont confrontés les villes et leurs habitants. L’Agence Européenne pour l’Environnement recommande un espace de verdure à moins de 300 mètres de chaque habitation. Pour parvenir à cet objectif idéal, encore faut-il comprendre les interactions qui se créent entre les arbres et la ville afin de favoriser leur adaptation dans un contexte urbain. Si la ville est souvent construite comme un paysage figé, la forêt, elle, est en constante évolution. Fonctionnant sur le temps long, elle communique sans cesse avec son environnement, avec lequel elle doit être en parfaite harmonie. Penser la ville-forêt de demain, c’est imaginer une urbanité qui s’adapte aux spécificités bioclimatiques de son milieu pour gagner en résilience.

Créer une micro-forêt urbaine peut consister à :

- Valoriser la végétation naturelle existante : l’existant constitue un socle solide sur lequel s’appuyer. Les arbres qui composaient le paysage bien avant les villes sont un patrimoine précieux qu’il faut valoriser et étoffer pour connecter l’ensemble du système végétal.

- Harmoniser l'étalement urbain en espaces verts : répondant aux besoins immédiats des hommes, l’urbanisation a bien souvent eu lieu sans réelle stratégie ni réflexion sur le long terme. Mais il est aujourd’hui possible d’envisager une harmonisation au profit du végétal. Certains interstices et espaces non constructibles peuvent être facilement mobilisés pour y planter des arbres : abords de voiries, limites des zones commerciales, etc.

- Planter des arbres là où il n'y en a plus : certains types de boisements doivent faire l’objet d’une surface dédiée. En zones périurbaines, moins denses, les terrains disponibles sont plus nombreux et leur potentiel est d’ores et déjà exploitable. En centre-ville, des aménagements sont nécessaires.

Illustration de foret urbaine

Des techniques variées

Dans le cadre du développement de villes plus vertes, l’intégration du monde végétal se décline de nombreuses façons : boisements denses de type forêts Miyawaki, plantations en strates, forêts-jardins, verdissement des rues et des parcs via des alignements d’arbres ou des haies, etc.

Ci-dessous, quelques exemples de typologies de projets qui contribuent au développement de la forêt urbaine :

- Méthode forestière : bien que le milieu urbain soit plus contraignant, les méthodes forestières pratiquées en milieu rural par les gestionnaires forestiers restent les plus efficaces et peuvent être adaptées à des plantations en ville. Les procédés sont variés et spécifiques au contexte de chaque projet. Dans la plupart des cas, les arbres sont plantés à densité moyenne (1000 à 2000 arbres/hectare), sous forme de jeunes plants de petite taille espacés de quelques mètres. La frugalité est toujours de mise : le sol est peu travaillé et les activités de débroussaillage n’ont lieu qu’au cours de la première année. Le boisement est ensuite entretenu tous les 10 ans environ : élimination de certains arbres pour laisser de la place aux autres, gestion du bois mort en faveur de la biodiversité, création de cheminements pour le public, taille des branches pour équilibrer les arbres, etc. Comme dans une forêt en pleine campagne !

- Micro-forêts inspirées de Miyawaki : il s’agit d’un type de boisement dense s’appuyant sur une méthode de plantation conçue au Japon par le botaniste Akira Miyawaki. Cette technique consiste à faire pousser une forêt à caractère naturel sur des terrains urbanisés dégradés. Faisant intervenir un grand nombre d’essences locales et une densité très élevée d’arbres à l’hectare (30 000 arbres/hectare), l’objectif est de rétablir une forte sélection naturelle garantissant la formation d’un écosystème résilient, proche de celui d’une forêt sauvage et riche en biodiversité.

- Forêts comestibles ou forêts-jardins : cette déclinaison de l’agroforesterie à plus petite échelle consiste à combiner des arbres et des cultures afin de reproduire les mécanismes naturels de la forêt. En plus de promouvoir une production et une consommation alimentaires locales (fruits, baies, champignons) en milieu urbain, les forêts comestibles sont des lieux de rencontres et de partage.

Forêt, boisement ou micro-forêt ? Un critère de taille, tout simplement. Une surface boisée sera nommée « forêt » si elle mesure plus de 0,5 hectare, soit un terrain de foot. En dessous de cette taille, ce qui est souvent le cas en ville, on parle de boisement ou de micro-forêt, les deux termes sont équivalents.

De plus en plus, des ateliers à visée éducative se développent autour de l’enrichissement de la forêt des villes françaises et européennes. Mélangeant différents publics, ils sont un excellent moyen de fédérer les citoyens et de les sensibiliser aux enjeux environnementaux auxquels sont confrontées les villes d’aujourd’hui. Pour aller un pas plus loin, la création d’écoquartiers - conçus de manière à minimiser l'impact de l’habitat sur l'environnement et à maximiser le bien-être des populations - induit quasi systématiquement la plantation d’arbres. Ces lieux d’habitation durables représentent des modèles réduits de la ville de demain.

Illustration de foret urbaine

Les critères fondamentaux

Pour planter des arbres en ville, certains principes clés doivent être respectés.

- Diversité des essences : un minimum de 5 essences forestières différentes et complémentaires doit être sélectionné, afin de bénéficier de leurs vertus respectives, de favoriser la biodiversité et de rendre la micro-forêt urbaine plus résistante et résiliente sur le long terme.

- Choix des essences : la végétation choisie doit respecter le contexte urbain local (espace disponible, qualité de l’air, état du sol, etc.) et être adaptée au changement climatique en cours. Certains arbres possèdent des propriétés particulièrement adaptées à la ville. Par exemple, les essences au feuillage abondant et/ou rugueux sont capables d’absorber davantage de polluants. Les essences considérées comme invasives, telles que le robinier, sont à proscrire.

- Frugalité : créer des micro-forêts urbaines nécessite d’adopter un mode de gestion doux et de faire confiance à la nature. Le travail du sol est restreint dans la mesure du possible et l’arrosage est raisonné. Les plantations sont laissées en libre ou semi-libre évolution pour maintenir la biodiversité.

- Coopération : il est nécessaire d’impliquer les citoyens dans le développement des micro-forêts urbaines, car ils en sont les premiers bénéficiaires. Le rôle de la ville est de donner une direction, de fédérer les initiatives et de mobiliser les habitants. De ce fait, les plantations participatives en coopération avec des acteurs locaux privés et publics sont à privilégier au maximum. Pour garantir la pérennité du projet, des actions de sensibilisation ainsi que des ateliers d’entretien et de protection des espaces boisés urbains peuvent également être mis en place.

Illustration de foret urbaine

Réseaux complexes abritant de nombreux êtres vivants, villes et forêts ont mille et une raisons de coexister, pour le bénéfice de tous. En adoptant les bonnes pratiques, il existe de nombreuses possibilités d’enrichir la forêt urbaine. Au travers de projets sur mesure adaptés à chaque contexte, Reforest’Action accompagne les entreprises et les communes qui souhaitent agir en faveur de l’environnement et du bien-être des citadins. En France et en Europe, nous apportons un soutien technique et financier à la création de forêts urbaines.