La création de micro-forêts en ville offre l’opportunité de repenser l’urbanisme et de l’adapter au changement climatique. Si les investissements en faveur de la "forêt urbaine" ne représentent actuellement que 1,3% du budget des grandes villes françaises, il existe pourtant des réglementations et des éléments incitatifs qui pourraient contribuer, dans les années à venir, à attirer davantage de financements vers cette solution. Clara Manuel, responsable forêts urbaines chez Reforest’Action, livre son expertise sur le cadre réglementaire et incitatif qui participe au développement de villes plus durables et plus vivables.

Des réglementations en faveur du développement de micro-forêts urbaines
D’après le GIEC, 70% des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent des zones urbaines. Entre pollution, artificialisation, pics de chaleur et effondrement de la biodiversité, les métropoles sont devenues le reflet de la crise climatique. Alors que plus de la moitié de l’humanité habite en ville, il devient urgent de repenser l’urbanisme et d’y intégrer une part de végétal. À ce titre, la création de micro-forêts urbaines représente une formidable opportunité, encouragée par de multiples réglementations en vigueur.
L’obligation de surfaces végétalisées minimales dans les programmes de construction
Le Plan Local d’Urbanisme (PLU) est le cadre réglementaire auquel tout aménagement urbain est soumis au sein d’un territoire donné. En ce qui concerne la végétalisation, le PLU peut par exemple prévoir la désimperméabilisation de l’espace public, l’agrandissement de parcs, la protection d’arbres. Aujourd’hui, de nombreux PLU intègrent des obligations de surfaces végétalisées minimales lors de programmes de construction, via un coefficient de végétalisation (entre 10 et 90% de la surface de la zone aménagée). Planter une micro-forêt urbaine peut ainsi constituer une solution adaptée pour respecter cette obligation de végétalisation.
La compensation écologique, pour recréer des espaces naturels
Le Code de l’Environnement, en particulier via son application de la directive de l’Union Européenne relative à l’évaluation des incidences de projets publics et privés sur l’environnement (2011), indique que les projets susceptibles d’avoir des effets notables sur l’environnement doivent faire l’objet d’une analyse par une autorité compétente. En particulier, la compensation écologique, dans la démarche « Éviter Réduire Compenser » (ERC), vise à recréer un espace naturel « équivalent » lorsqu’un autre a été détruit de manière inévitable. Les catégories soumises à la réalisation d’une étude d’impact de façon systématique comprennent entre autres : les aérodromes, les aménagements en zone côtière, la construction, l’exploitation, les barrages, l’énergie, les infrastructures de transport, etc. Les micro-forêts urbaines sont parfois créées dans ce cadre.
Objectif Zéro Artificialisation Nette
La loi Climat et Résilience fixe l’objectif de la « Zéro Artificialisation Nette » qui consiste à atteindre, en 2050, « l’absence de toute artificialisation nette des sols ». Cet engagement dessine une trajectoire de réduction de l’artificialisation déclinée d’ici 2030 au plus tard dans les documents d'urbanisme tels que les Schémas de Cohérence Territoriale (SCoT), les Plans locaux d’urbanismes (PLU) et les cartes communales. La loi Climat et Résilience renforce les mesures de valorisation de la nature en ville : identification des zones de renaturation préférentielle dans les SCOT, Orientations d’Aménagement et de Programmation (OAP) pour les trames vertes et bleues, protection des franges urbaines dans les PLU, obligation de coefficients de biotope par surface dans les PLU, dérogation au PLU pour faciliter la végétalisation et les espaces extérieurs au logement, etc. Les micro-forêts urbaines font partie des solutions pour répondre à ce nouveau cadre légal.
La méthode « Ville arborée » du Label Bas-Carbone, à venir en 2024
Un projet Label Bas-Carbone (LBC) est un projet de réductions d’émissions comprenant deux volets, l'évitement des émissions de gaz à effet de serre par des changements de pratiques, et l'augmentation de la séquestration de carbone dans les puits naturels (forêt et sols). Sur ce second volet, il s’agit le plus souvent d’agir pour les forêts et ainsi permettre la labellisation, soit la reconnaissance officielle, de tonnes de CO2 potentielles stockées dans l’écosystème. Les méthodes existantes à ce jour portent entre autres sur les forêts gérées pour la production de bois, les arbres en contexte agricole, la construction bois, les herbiers marins. Il n’existe pas encore de méthode appliquée aux micro-forêts urbaines, mais celle-ci est prévue pour 2024 et permettra de labelliser des projets de « Ville arborée ». Concrètement, cela permettra aux entreprises et autres acteurs d’agir de manière locale tout en obtenant une reconnaissance pour leur contribution aux efforts de réduction des émissions de CO2. Le recours au LBC permet d’assurer le dernier volet de l’ERC, « Compensation ». Pour certains projets d’entreprises ou autres acteurs territoriaux, cette démarche est obligatoire comme prévu par le Code de l’Environnement cité plus haut. Dans d’autres cas, le recours au LBC est volontaire.

Bonnes pratiques et labels : inciter les territoires à replacer l’arbre au centre
Au-delà du cadre réglementaire que les territoires se doivent de respecter, d’autres éléments incitatifs, qui relèvent quant à eux de la volonté des différents acteurs territoriaux, visent aujourd’hui à préserver, valoriser et régénérer la nature en ville.
Renforcer les réseaux naturels de la végétation, de l’eau et des sols
Les notions de trames verte, bleue et brune s’appliquent respectivement aux réseaux naturels formés par la végétation, l’eau et les sols. En fonction des territoires, il existe des ressources cartographiques plus ou moins exhaustives. Augmenter le couvert forestier, préserver les cours d’eau et la santé des sols sont autant de raisons, pour les territoires, de créer des micro-forêts urbaines.
Construire de façon plus durable
En Europe, les labels comme BiodiverCity, BREEAM (Building Research Establishment Environmental Assessment Method), LEAD (Label Événement à Ambition Durable) ou HQE (Haute Qualité Environnementale), ont pour objectif la création de constructions plus respectueuses de l’environnement. Ces labels intègrent le plus souvent les notions de continuité écologique, de réservoirs et de corridors de biodiversité, que la création de micro-forêts urbaines permet d’atteindre.
Réintroduire la nature en ville
Des bonnes pratiques sont à adopter dans toute planification d’aménagement. Par exemple, la règle du 3-30-300, créée par le directeur du Nature Based Solutions Institute, indique les objectifs suivants :
- 3 arbres visibles depuis chaque habitation
- 30% d’indice de canopée dans toute la ville
- 300 mètres de distance maximale entre chaque habitation et l’espace vert le plus proche
Ces quelques règles permettent d’aboutir à une trame verte équilibrée et optimale, composée d’îlots boisés, d’alignements et d’arbres solitaires. Bien que simple au premier abord, cet objectif implique en réalité une mise en pratique ambitieuse : la majorité des villes européennes ont aujourd’hui un indice de canopée moyen de 15%, leur patrimoine arboré est disparate, et les centres-villes tendent à être pauvres en végétation. La création de micro-forêts urbaines dans les espaces interstitiels permet de répondre à ces trois objectifs en même temps.
Renforcer le patrimoine arboré
Les plans et chartes, comme la charte de l’arbre lorsqu’il en existe une au sein de la collectivité, ou encore le Plan Canopée, parfois associé au Plan Pluie, ou encore le PCAET (Plan Climat-Air-Energie Territorial), sont autant de documents publics donnant des objectifs généraux à atteindre en matière d’efforts écologiques et de respect du patrimoine arboré. Le renforcement et la création de micro-forêts urbaines contribuent directement à ces objectifs d’intérêt général.
En partenariat avec de nombreuses communes et entreprises en France et en Europe, Reforest’Action participe au développement de villes plus durables et plus vivables. Vous représentez une entreprise ? Découvrez notre offre de plantation de micro-forêts urbaines. Vous représentez une collectivité, une association ou tout autre acteur territorial ? Contactez Reforest’Action pour être soutenu dans votre projet.