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Qu’est-ce que l’agroforesterie ?

Décryptages

Selon le GIEC, en 2019, environ 22% des émissions mondiales de gaz à effet de serre provenaient de l’agriculture. Il s’agit de la seconde industrie la plus émettrice après celle des énergies. Pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris et ne pas dépasser les 1,5°C de réchauffement mondial, le secteur agricole doit réduire ses émissions de 80%.

De plus, la transformation des terres pour des usages agricoles entraîne la disparition de nombreux habitats et espèces. Les pratiques agricoles intenses détruisent quant à elles les micro-organismes qui soutiennent la fertilité naturelle des sols, et polluent les milieux naturels pour des décennies.

Face au réchauffement climatique, à la dégradation des écosystèmes, au déclin de la biodiversité et à l’effondrement de la sécurité alimentaire dans le monde, il est urgent de repenser les modèles agricoles et de se diriger vers une agriculture régénératrice. Le développement de l’agroforesterie en est l’une des composantes indispensables – celle-ci permet d’engendrer des impacts positifs sur les sols, de renforcer la biodiversité, de favoriser le stockage du carbone, ainsi que de préserver et diversifier les cultures.

Quels sont les principes de l’agroforesterie ?

L’agroforesterie, une pratique majeure de l’agriculture régénératrice

L’agriculture régénératrice offre une voie de sortie à toute exploitation de culture ou d’élevage conduite en agriculture conventionnelle, au bénéfice du vivant et des modèles économiques.

Sans compromettre la rentabilité de l’exploitation, cette nouvelle approche s’appuie sur les écosystèmes naturels pour produire, et ne se contente plus uniquement d’en exploiter les ressources.

L’agriculture régénératrice s’inscrit au sein du concept « d’agroécologie », au même titre que l’agriculture biologique et l’agriculture de conservation des sols. Toutefois, en considérant l’exploitation dans son ensemble, à l’échelle de la parcelle et du territoire, elle va un pas plus loin. Elle se base sur une approche systémique pour générer des impacts positifs directs sur le climat, la santé et la fertilité des sols, la stabilité des cycles de l’eau, la biodiversité et le bien-être humain.

L’agriculture régénératrice se fonde ainsi sur 3 volets d’action :

  • La conservation des sols (limitation du travail du sol et maintien d’un couvert végétal d’interculture)
  • La gestion des cultures (rotation et diversification de la production)
  • Le développement de systèmes agroforestiers

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Associer sur une même parcelle des arbres à d’autres cultures

L’agroforesterie se définit comme un mode de production agricole associant sur une même parcelle des arbres, des haies et des arbustes à d’autres cultures, dans la perspective d’effets bénéfiques réciproques. Ce système de gestion des terres permet ainsi de (ré)introduire l’arbre au cœur du système agricole. Elle peut exister sous différentes formes et pratiques, dont le point commun est l’introduction ou la gestion d’arbres et d’arbustes en périphérie et/ou au sein des parcelles agricoles.

Une méthode adaptable à tous les systèmes d’agriculture

Les différentes typologies d’agroforesterie se différencient principalement par l’arrangement des arbres dans l’espace : haies périphériques et haies intraparcellaires, alignement d’arbres, îlots boisés, cultures intercalaires ou mélangées, ou encore forêts comestibles. On parle également de sylvopastoralisme lorsque les arbres sont associés à une activité d’élevage de bétail.

L’agroforesterie est donc une méthode adaptable à pratiquement tous les systèmes agricoles. Le design de plantation est déterminé sur mesure en fonction de l’analyse du contexte agricole et des besoins du projet et des communautés locales. Les systèmes agroforestiers permettent aux agriculteurs de diversifier et de maintenir leur production tout en générant des bénéfices écologiques, afin d’améliorer les conditions sociales, économiques et environnementales de l’ensemble des utilisateurs de la terre.

L’expertise agroforestière : sélectionner des essences adaptées

L’agroforesterie requiert l’expertise nécessaire pour sélectionner les essences ligneuses adaptées à chaque situation. Il convient notamment de choisir des essences mélangées, adaptées aux conditions du milieu et dont la croissance sera compatible avec l’espace dédié à la plantation. Arbres fruitiers, arbres d’ombrage, arbres à croissance rapide, arbres fertilitaires – chaque essence peut avoir son rôle à jouer au sein d’un système agroforestier. Une fine connaissance des caractéristiques biologiques et des traits fonctionnels des espèces agroforestières est donc impérative pour s’assurer de leur pertinence vis-à-vis des impacts visés.

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Quels sont les bénéfices de l’agroforesterie pour les territoires et les communautés locales ?

Équilibrer le cycle de l’eau

Dès leurs premières années de croissance, les haies, les arbres et les arbustes plantés en agroforesterie permettent de diminuer le ruissellement en absorbant l’excès d’eau à la surface des sols, et ainsi d’assurer le bon fonctionnement du cycle de l’eau et des nutriments nécessaires au développement de la flore et de la faune.

L’évitement du ruissellement permet également une dépollution de l’eau qui s’infiltre dans le sol, un impact particulièrement bénéfique au sein des milieux agricoles. En effet, la filtration de l’eau par les arbres permet d’éviter le transfert des polluants depuis les terres jusqu’au réseau hydrologique.

De surcroît, au cours des 30 premières années qui suivent l’implémentation d’un projet d’agroforesterie, une augmentation de l’évapotranspiration réelle (quantité totale d'eau qui s'évapore du sol et des plantes présentes dans une zone lorsque le sol est à son taux d'humidité naturel) peut être observée, qui donne lieu à la formation de nuages et à un volume accru de précipitations à l’échelle du bassin versant.

Réduire l’érosion du sol

La limitation du ruissellement et de ses risques pour l’environnement, par exemple l’érosion, est l’un des enjeux des projets agroforestiers. Le ruissellement est en effet l’un des moteurs de l'érosion : l'eau qui s'écoule entraîne avec elle des particules plus ou moins importantes en fonction de la quantité d'eau en mouvement et du coefficient de pente, créant un effet abrasif sur le terrain soumis au ruissellement. L’érosion peut ainsi être la source d’une perte en terre et en éléments nutritifs préjudiciables au niveau agronomique. En limitant le ruissellement, l’agroforesterie contribue ainsi également à limiter l’érosion du sol.

Enrichir et fertiliser les sols

La compétition pour l’eau qui s’établit entre les cultures et les arbres oblige ces derniers à développer leurs racines plus profondément. Un filet racinaire se crée alors, qui permet une meilleure assimilation de l’azote par les végétaux, et la création de symbioses avec les mycorhizes, dont le rôle est fondamental dans l’alimentation et la santé des plantes cultivées et leur résistance aux aléas climatiques.

L’enrichissement des sols réduit ainsi les besoins en engrais azotés chimiques, qui participent grandement au réchauffement climatique, tant lors de leur fabrication que lorsqu’ils s’évaporent dans l’atmosphère.

Préserver la biodiversité et la résilience écologique

En multipliant les strates végétales au sein des parcelles, l’agroforesterie développe l’accueil de la biodiversité en renforçant la qualité et la diversité des habitats dont la flore, la faune et la fonge dépendent pour développer des populations stables qui contribueront à la résilience de l’écosystème. A l'échelle du paysage, les arbres contribuent à préserver les territoires par le biais de l’atténuation des chocs climatiques tels que les inondations ou les vents forts.

Réguler le microclimat local et atténuer le réchauffement planétaire

A l’échelle locale, les arbres plantés sur des terres agricoles créent un microclimat et contribuent à protéger les cultures du vent, des sécheresses, du grand froid mais aussi des aléas naturels tels que les tempêtes et les inondations.

A l’échelle globale, ils stockent du carbone et réduisent les émissions de gaz à effet de serre. Une étude parue dans Nature indique que la conversion d'une agriculture classique en agroforesterie entraine une hausse de 34% du carbone stocké dans les sols. La même étude précise que l’ensemble des parcelles agroforestières mondiales absorbent 0,75 gigatonnes de carbone par an, ce qui représente une partie significative des 9,75 gigatonnes de CO2 émises annuellement dans le monde. L’agroforesterie a ainsi un véritable rôle à jouer dans l’atténuation du changement climatique.

Générer des bénéfices socio-économiques

Les systèmes agroforestiers créés peuvent fournir des revenus pour les agriculteurs grâce à la production de produits ligneux et non-ligneux issus des arbres – bois de chauffage, bois de construction, fruits, noix, huiles essentielles, produits médicinaux, fourrage pour le bétail, paillis ou miel, par exemple. L’agroforesterie contribue également à la sécurité alimentaire des communautés locales en leur permettant de diversifier leur production de denrées comestibles.

L'agroforesterie peut aussi créer de la valeur pour l’entreprise qui finance un tel projet dans le cadre de sa chaîne de valeur par le biais de l’amélioration de la productivité agricole obtenue grâce aux arbres. De plus, elle fournit divers services écosystémiques tels que la régulation de l'eau, la pollinisation, la régulation des ravageurs, la conservation de la biodiversité. Ces services ont une valeur économique substantielle en termes de réduction des coûts de production ou de valorisation de produits écologiques.

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D’après le GIEC, l’adoption de pratiques d’agriculture durable représente une solution essentielle pour limiter le réchauffement climatique et réduire la vulnérabilité des populations face à celui-ci. Les experts affirment ainsi que de nombreuses options en matière d’agriculture pourraient être renforcées à court terme dans la plupart des régions du monde, et notamment l’agroforesterie, dans laquelle Reforest’Action dispose de quinze ans d’expérience grâce à des projets menés tant en zones tropicales qu’en zones tempérées. Dans ce contexte, Reforest’Action accompagne désormais les entreprises pour développer l’agriculture régénératrice dans leurs chaînes de valeur. Contactez l’un(e) de nos expert(e)s pour en discuter.