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Nature+ Coalition : placer la nature au cœur des décisions climatiques

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À quelques jours de l’ouverture de la COP30, Stéphane Hallaire, Président-Fondateur de Reforest’Action, endosse la présidence de la Nature+ Coalition, une nouvelle alliance internationale réunissant des développeurs de projets, des entreprises et des parties prenantes pour promouvoir les Solutions fondées sur la Nature au sein des discussions et des réglementations mondiales relatives au changement climatique.

Une initiative mondiale pour les Solutions fondées sur la Nature

Co-fondée en octobre 2025 par Reforest’Action, SE Advisory Services, La Belle Forêt, aDryada et StockCO2, la Nature+ Coalition a pour ambition de donner aux acteurs engagés dans la préservation et la restauration des écosystèmes naturels une voix unifiée, renforcée et influente au sein des négociations climatiques internationales et des discussions relatives aux marchés du carbone.

Elle vise également à fédérer les entreprises qui souhaitent accéder à des informations stratégiques sur les évolutions politiques et réglementaires les plus récentes, notamment dans le cadre de l’Article 6 de l’Accord de Paris et des initiatives européennes, comme le Carbon Removal Certification Framework (CRCF). Ces connaissances permettront aux investisseurs d’anticiper les réglementations à venir et de renforcer leurs stratégies climatiques.

La coalition promeut notamment la place des Solutions fondées sur la Nature dans les marchés du carbone, en étant force de propositions sur des notions encore mal définies d’un point de vue réglementaire, telles que la permanence des crédits carbone et les critères de haute intégrité. Les membres fondateurs de la coalition prônent notamment des standards de qualité couvrant à la fois les enjeux climat, les impacts biodiversité et socioéconomiques, et reflétant le caractère multifonctionnel des écosystèmes naturels protégés et/ou restaurés.

Urgence climatique et insuffisance des financements

Alors que 8,1 millions d’hectares de forêts ont disparu dans le monde en 2024 d’après la FAO, soit une surface équivalente à la moitié de l’Angleterre, les financements dirigés vers la restauration forestière sont toujours très nettement insuffisants.

Le nouveau rapport des Nations unies sur le financement des forêts, publié en octobre 2025, souligne en effet que les investissements annuels devraient atteindre plus du triple de leur montant actuel, évoluant de 84 milliards de dollars en 2023 à 300 milliards d’ici 2030, pour atteindre les objectifs climatiques et environnementaux de l’Accord de Paris.

Quant à la température moyenne mondiale, celle-ci a été, en 2024, supérieure de 1,55 °C à celle de la période préindustrielle, d’après le rapport mondial sur le climat de Copernicus, alors que les 196 États signataires de l’Accord de Paris se sont engagés à limiter la hausse des températures à 2°C, voire à 1,5°C d’ici 2100, pour éviter que la Terre n’atteigne des points de basculement irréversibles.

Si les tendances actuelles se poursuivent, le PIB mondial pourrait chuter jusqu’à 23 % d’ici 2050 d’après un récent rapport publié par Systemiq Earth.

L’incertitude des dynamiques politiques et réglementaires

L’ensemble de ces chiffres illustrent l’importance d’une action urgente et coordonnée à l’échelle internationale. Pourtant, les politiques et les régulations mondiales présentent aujourd’hui davantage de signaux faibles que de preuves de mises en œuvre.

À quelques jours de l’ouverture de la COP30, seuls 28% des États ont soumis de nouvelles stratégies à l’échelle nationale en faveur de la préservation de la biodiversité, tandis que certains grands émetteurs de gaz à effet de serre, tels que la Chine, présentent des objectifs climatiques insuffisants, voire se retirent de certaines initiatives climatiques, à l’image du retrait des États-Unis de l’Accord de Paris. Quant à l’Union européenne, celle-ci n’a adopté qu’en dernière minute une fourchette de réduction d’émissions pour 2035 et reste toujours l’un des acteurs majeurs de la déforestation importée à l’échelle mondiale.

Dans ce contexte, la Nature+ Coalition vise à constituer un plaidoyer collectif, garantissant que la voix des Solutions fondées sur la Nature soit prise en compte dans les décisions politiques et réglementaires, notamment sur les marchés internationaux du carbone.

Des opportunités pour les décideurs

Dans un premier temps, la Nature+ Coalition se concentrera sur deux axes majeurs de plaidoyer : l’article 6 de l’Accord de Paris et le Carbon Removal Certification Framework (CRCF). Ces deux cadres réglementaires pourraient en effet représenter une opportunité sans précédent de reconnaître le rôle essentiel des marchés du carbone et des investissements dans les Solutions fondées sur la Nature pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.

L’article 6 de l’Accord de Paris

L’article 6 établit un cadre de coopération internationale pour réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière plus efficace, à travers des mécanismes marchands permettant l’échange de réductions d’émissions entre pays (ITMOs), avec garantie de transparence et de comptabilisation unique, et à travers des mécanismes non marchands pour le partage de technologies, financements et savoir-faire, soutenant le développement durable. Ce cadre vise à rendre la lutte contre le changement climatique plus efficace, équitable et collaborative.

Dans ce contexte, la Nature+ Coalition plaide pour des critères méthodologiques qui permettront d’inclure les Solutions fondées sur la Nature. Celles-ci ne doivent en effet pas être oubliées face aux solutions technologiques de capture de CO2. En cela, l’article 6.4, discuté lors de la COP30, pourrait offrir un cadre plus lisible et transparent permettant de mobiliser davantage de fonds privés au profit des écosystèmes naturels, puisqu’il vise à structurer un marché du carbone mondial fondé sur des critères communs de haute intégrité, incluant de façon systématique la création de bénéfices fondamentaux pour la biodiversité, les écosystèmes et les communautés humaines, ainsi que la notion centrale de permanence pour garantir la durabilité des impacts générés.

Le Carbon Removal Certification Framework (CRCF)

Le CRCF est une initiative européenne qui établit un référentiel commun de certification des réductions et absorptions de carbone pour les pays de l’Union Européenne, couvrant à la fois les Solutions fondées sur la Nature (plantation, restauration des sols, développement de pratiques d’agriculture régénératrice, gestion durable des forêts…) et les technologies de captage et stockage du carbone (BECCS, capture directe dans l’air…). Les premiers actes délégués permettront de déployer les méthodologies et les projets labellisés CRCF en 2026.

Là encore, la Nature+ Coalition soutient la nécessité d’intégrer des critères précis de haute intégrité, notamment la création de bénéfices concrets et durables pour la biodiversité, au-delà de la seule séquestration du carbone et de l’approche 'do no significant harm' actuellement proposée par la Commission européenne.

La cible de réduction d’émissions 2040 de l’Union Européenne

En juillet 2025, la Commission européenne a proposé de permettre aux États membres de l’UE de remplir jusqu’à 3% de leur futur objectif 2040 avec des crédits carbone de haute qualité achetés sur le marché mondial. Les États membres de l’UE ont finalement adopté en novembre 2025 l’objectif de réduire les émissions de 90% à horizon 2040 (par rapport au niveau de 1990) avec des flexibilités significatives, notamment la possibilité de recourir à 5% de crédits carbone internationaux (financements de projets hors UE), en prévoyant une option permettant aux gouvernements de l’augmenter encore de 5 points.

Cette décision crée un signal fort qui augmentera de façon significative la demande de crédits carbone internationaux. La Nature+ Coalition veillera à ce que les critères associés aux types de projets qui pourront être éligibles à ces financements soient transparents et correspondent aux meilleures pratiques de qualité et d’intégrité afin d’offrir un cadre robuste à la fois pour les pays européens et les pays qui accueilleront ces projets.

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Stéphane Hallaire, Fondateur de Reforest'Action et Président de la Nature+ Coalition, lors de son intervention au Forum de l’ONU sur les forêts en 2023

La Nature+ Coalition se donne ainsi pour mission principale d’intégrer pleinement les enjeux biodiversité aux projets et initiatives impactant les marchés du carbone, et de promouvoir à ce titre les Solutions fondées sur la Nature auprès des décideurs internationaux et européens. Pour les entreprises, faire partie de la coalition représente une opportunité unique de renforcer leur stratégie Net Zero en participant à une transition climatique juste, basée sur des critères de transparence, des standards et des réglementations robustes permettant de garantir des co-bénéfices réels pour l’environnement et les communautés humaines. Rejoignez-nous ! Et contribuons, ensemble, à accélérer le déploiement à grande échelle d’initiatives de restauration et de conservation des écosystèmes, et à faire des Solutions fondées sur la Nature un levier concret pour atteindre les objectifs de l’Accord de Paris.